Vol et méfiance

[Hj : eu...Par contre comme je sais pas trop en quelle saison on est je vais supposer que c'est l'hiver ]

La neige tombait à gros flocons et une épaisse brume "engloutissait" Lithgow. Le vent fouettait les joues de Elareven-joues qui d'ailleurs était bien irritées par le froid glacial auquel la ville devait faire face depuis quelques jours déjà. Seul le bruit incessant des violentes rafales retentissait. Insupportable. De longs sifflements suraïgus, ceux du vent qui s'engouffre entre deux ruelles étroites, s'élevaient d'un peu partout. Au sol, quelques rares traces de pas se découpaient nettement sur l'épaisse couche de neige. Elareven scruta les environs. On apercevait qu'a difficulté les lumières qui éclairait chaumières et hautes maisons de rares enrichis. Elareven s'avança de quelques pas prudents, sa longue cape voletant furieusement derrière elle soulevée par un brusque coup de vent. Agacée, la jeune fille la rabattit violemment contre elle. Elareven mourrait de faim et avait attendu depuis le petit matin que la nuit tombe afin de pouvoir aller chaparder quelque chose à se mettre sous la dent. Pour elle le froid, la neige, le vent, n'étaient pas des ennemis. Au contraire, il lui facilitaient la tâche. Le froid et le vent gardaient les gens cloitrés chez eux ce qui signifiait : "personne dans les rues; la voie est libre" . La neige, elle, assourdissait les pas de la voleuse. Précipitamment mais avec une légéreté et une fluidité surprenante, Elareven contourna une chaumière puis s'accroupissant sous une ouverture qui fesait office de fenêtre, elle attendit. Lorsqu'elle respira un petit nuage de "fumée" s'envola.

* Pourvu que personne n'ait regardé par la fenêtre. * pensa t-elle. En effet, le nuage de "fumée" n'était pas du plus discret.

Doucement, toujours collée au mur, Elareven entreprit de faire le tour la chaumière afin d'aviser les entrées par lequelles elle pourrait aisément se faufiler. Soudain, elle aperçut, du moins cru apercevoir, deux yeux fixés sur elle de l'autre côté de la rue. Dès qu'elle les croisa, ils disparurent dans le paysage noir et blanc. Fronçant les sourcils, Elareven attrapa la petite dague accrochée à sa ceinture et s'avança dans la nuit. Si quelqu'un l'avait vue....Elle se devait de l'éliminer. Dans un mouvement fluide et méfiant à la fois, elle se retrouva là ou il lui semblait avoir aperçut les deux yeux d'une ou d'un inconnu rivés sur elle. Mais il n'y avait personne.

- Allez montre-toi je t'ai vu.....siffla t-elle entre ses dents d'une voix menacante.

Les quelques mots qui retentirent aux oreilles d'Elareven la firent frissonner. Un murmure à peine audible dans le vacarme que produisait la fureur du vent et pourtant si.....si...peu rassurant et même bien plus que ça.

Elareven jeta de tous côtés des regards affolés et impatients. L'affolement parce qu'elle se savait observée sans même pouvoir voir à qui elle avait affaire et l'impatience pour plusieurs raisons la principale étant le fait que la jeune fille perdait du temps sur sa précieuse "chasse à la nourriture" et que par conséquent elle était pressée d'en finir. Une violente rafale de vent mêlée de neige fouetta son visage sans pitié. Elareven n'en avait cure. Elle venait tout juste de dinstinguer dans l'ombre le contour indistinct d'une silhouette adossée au mur....Une silhouette tournée dans sa direction et dont le propriétaire était apparement en train d'observer Elareven. La jeune fille essaya de détailler le personnage. Grand et élancé un peu chétif même c'était ce qu'elle pu nettement aperçevoir. Il lui semblait également que les yeux de l'inconnu avait une couleur particulière mais Elareven ne pu en être assurée.

La jeune fille eut le soudain sentiment que la neige tombait de plus en plus et que les incessantes rafales, elles, étaient encore plus violentes qu'auparavant.

* Je n'avais simplement pas eu l'occasion d'y faire attention * se dit-elle gardant toujours les yeux rivés sur l'inconnu. S'avançant d'un pas fluide, la trace que laissa celui-ci immédiatement balayée par le vent, elle rengaina sa dague. Quel qu'il soit, l'homme à qui elle avait affaire n'était pas "normal", Elareven le sentait et il ne servait à rien de tenter quoique ce soit avec une arme. La jeune fille, pourtant proche du garçon ne distinguait sa silhouette floue qu'a difficulté et crût même l'avoir imaginée pendant un instant. Mais le murmure lui revînt en tête. Les mots résonnaient dans sa tête aussi clair que s'ils venaient d'être hurlés. Tandis qu'elle fixait une silhouette qui lui paraissait presque fantomatique à travers la neige, le vent et la nuit, elle dit d'une voix ferme et étrangement calme :

- A vrai dire j'aurais préféré ne jamais avoir affaire avec toi.....Mais malheureusement le destin semble en avoir décidé autrement. Dis-moi plutôt pourquoi t'être dissimulé lorsque mes yeux se sont posés sur toi.

Difficile de dire ce qu'Elareven pensait de la situation. Elle-même ne le savait pas. La voleuse avait l'impression de parler dans le vide. Impression plutôt désagréable. Surtout que la question de l'inconnu était une question posée certainement uniquement pour la forme et dissimulait à coup sûr quelque chose. Elareven paraissait plutôt tranquille, presque naïve de part sa réponse mais était en réalité prête à réagir contre toutes tentatives d'attaque.

Pyronaï détailla avec attention la jeune demoiselle présente en face de lui. Elle était fine, la taille élancée et avait de longs cheveux bruns ou sombres. Pyronaï ne discernait pas énormément les couleurs. Le vent rabattait les pans de son vêtement contre son corps et tout deux avaient froids mais ne laissaient rien paraitre. Pyronaï sourit d'un rictus lorsque les flocons de neige tourbillonants s'élevèrent un moment dans les airs puis le drapèrent d'une couche blanche qu'il balaya d'un geste nonchalant du bras. Il était las de parcourir les rues sans trouver d'autres animations que des chats miaulants ou des portes et des volets qui claquent. Il n'aimait pas l'hiver quand tout le monde rentrait chez soi s'abriter. Il se sentait alors seul et démuni. Perdu sans la chaleur d'un foyer acceuillant pour calmer ses peines et ses peurs.

S'avançant sans un bruit, ses jambes marquèrent à peine la neige avant que ses traces soient effacées par une bourrasque un tant soit peu plus forte que la précédente. La glace décollée des chemins venaient gifler la jeune fille et Pyronaï, qui restait, on peut le dire, de glace. De ses yeux vairons il la vit s'agiter inutilement, tenter de l'apercevoir pour finalement le déceler et tenter de le mettre à nu. Mais elle ne pouvait deviner ce qu'il pensait. Personne ne le pouvait. Pas seulement parce que c'était un Ombre. Mais aussi parce que c'était lui. Il écouta patiemment et avec lassitude les propos de la jeune femme qu'il avait en face de lui :

- A vrai dire j'aurais préféré ne jamais avoir affaire avec toi.....Mais malheureusement le destin semble en avoir décidé autrement. Dis-moi plutôt pourquoi t'être dissimulé lorsque mes yeux se sont posés sur toi.

Il soupira. Cette petite ne semblait pas contente de le voir. Encore heureux, vu que le contraire l'eut étonné. Tout le monde préférait éviter les Ombres, mais lui ne voulait pas éviter le monde.

-Je n'ai pas pour habitude de me dévoiler au premier venu. Tu excuseras mes manières, mais vivre replié sur soi en méditation pendant de longues années à quelque peu alteré ma perception de la politesse.

Elareven, tandis qu'un morceau de glace emporté par une furieuse bourrasque venait de lui couper la joue, décida d'avancer de façon à se retrouver bel et bien devant l'homme; de façon à lui faire réellement face, de façon à le voir correctement. C'est donc d'un pas décidé qu'elle s'avança vers lui, consciente de l'éventuel risque qu'elle prenait. Resserant la fibule qui maintenait sa longue cape, elle parcourut les quelques mètres qui la séparait de l'inconnu. Son coeur battait toujours de ce même effroi mais de cette même impatience. Plus elle avançait plus sa méfiance grandissait. Elareven enfin commença à apercevoir l'homme, il avait les yeux vairrons chose assez rare.....En fait Elareven n'avait rencontré que deux personnes ayant semblable particularité auparavant.

La jeune fille dont les cheveux étaient pris d'assaut par un bon nombre de petits flocons, continuait d''avancer vers l'homme de ce même pas fluide et décidé. Elle s'arrêta juste devant lui et le fixa d'un regard indéchiffrable. Au passage, la jeune fille nota que le garçon était- il lui semblait- maquillé et portait une robe de magicien mais Elareven ne s'attarda pas là-dessus. Elle voulait simplement savoir qui il était et pourquoi il l'avait observée pour ensuite se dissimuler car en effet la réponse du jeune homme ne la satisfaisait guère.

- Je n'excuse rien à personne. rétorqua Elareven. Puis "scrutant" les yeux du garçon, comme si elle espérait y découvrir quelque chose, elle reprit

- D'où viens-tu ?

Soudain, une pensée déchira l'esprit d'Elareven dont les yeux furent traversés par un brusque effroi. La jeune fille trouvait qu'en effet l'homme à qui elle faisait face ressemblait fort à un ombre. La magie..........Elareven frissona, le froid venait tout juste de refermer son emprise sur la voleuse...Elle qui d'habitude y était insensible. Mais peut-être que l'étau glacial qui l'emprisonnait ne venait pas du froid.

Pyronaï vit la jeune fille frêle qui le jauchait au loin du regard. Elle semblait réfléchir à une question fondamentale. Dissimulant un sourire, il pensa desuite qu'elle soupesait le pour et le contre pour s'approcher de lui. Pourtant, il ne mordait pas. Du moins n'en avait-il pas la conscience.

Pyronaï n'était pas particulièrement grand pour son age et paraissait assez fragile et simple à battre. Mais une telle erreur pour son adversaire pouvait lui être fatal. Il était d'une rapidité et d'une intelligence presque surhumaine. Ses sortilèges réussisaient toujours et il avait une grande force de l'esprit. Néanmoins, indiscipliné comme il était et n'aimant pas se plier aux règles, son talent pourrait bien un jour se retournait contre lui.

En attendant il observa la jeune fille s'avançait, d'un pas décidé et ferme qui allait bien avec son air. Elle avait de grands yeux noirs et son visage était paisible, comme le calme avant la tempête. Pyronaï la vit qui le fixait curieusement, comme tentant de le percer à jour. Une futilité. Même ses parents et son tuteur n'y parvenaient pas, alors elle...une humaine tout juste bonne à trainer dans les rues une nuit d'hiver.

- Je n'excuse rien à personne.

Pyronaï sentait un pouvoir incertain en la jeune fille. Un talent caché. Un don peut-être héréditaire mais qu'elle gardait secret. Il n'aima pas qu'on lui parle ainsi. Ses excuses étaient tellement rares...ça devait bien être la première fois qu'il s'abaissait à proférer des excuses un tant soit peu sincère.

- D'où viens-tu ?

Pyronaï ne put s'empêcher de vouloir tester cette frêle demoiselle. Il prononça mentalement un mot en elfique et un fin panache de fumée ausssi invisible que le froid mordant qui le clouait sur place s'échappa de son esprit et courronna la jeune fille. Celle-ci résista et la lueur d'effroi qui passa dans ses yeux lui indiqua qu'elle avait découvert sa nature.

-Je n'ai pas de chez moi. Du moins j'en avais un avant, mais j'ai oublié où c'était.

Il continuait la conversation comme si de rien n'était.

Elareven était déconcertée par le garçon. Elle ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur l'identité de son interlocuteur Un ombre....oui peut-être mais.....

La jeune fille qui ne connaissait de ces derniers que la réputation pensait que s'il avait été réellement un ombre il l'aurait depuis longtemps massacrée. De plus, il continuait la conversation comme si de rien n'était. Non vraiment, s'il avait été un ombre, il aurait réagit de façon différente. Pourtant une petite voix au find fond de l'esprit d'Elareven lui intimait la méfiance. Que connaissait-elle aux ombres puisque jamais elle n'en avait rencontré auparavant....Quoiqu'il en soit, la voleuse devait absolument en savoir plus.

- Alors tu dois être un marchand, un voyageur où quelqu'un de cet ordre je suppose.

Elareven opta pour jouer la carte de l'innocence un peu naïve. Elle se demandait si la garçon avait remarqué la lueur qui avait traversé son regard quelques instants plutôt.....Si tel était le cas, l'option que la jeune fille avait choisit risquait de lui causer pas mal d'ennuis.

Une forte bourrasque retourna soudain une petite charette stationnée devant une habitation toute proche-habitation de gens aisés au vu de son allure- et elle s'effondra dans un bruit mat, étouffé par la neige, tandis que fruits et légumes s'éparpillaient de tout côtés...Elareven grogna, si quelqu'un avait observé la scène, les résidents sortiraient certainement afin de redresser la charette malmenée par le vent or si ils apercevaient les deux interlocuteurs, le risque encourut était énorme. Elareven ressera sa cape contre elle dans un froncement de sourcils, un oeil rivé sur la porte de la demeure tout en gardant l'autre sur le garçon. Bien que le brouillard, la neige et même le vent rendait toute silhouette fantomatique, l'alerte de la présence d'"intrus" dans le village pourrait être donnée et les gens seraient sans cesse sur le qui-vive-chose qui nuirait fortement à Elareven. D'ailleurs si tel était le cas, la jeune fille devrait se passer de repas pour quelques jours encore. Les choses devenaient pressantes, il fallait en finir au plus vite. Elareven pourtant ne s'en inquiétait pas outre mesure. Elle connaissait ses capacités et savait qu'elle réussirait à s'en sortir quoiqu'il advienne.

Le vent glacial semblait coupant, projetant les flocons de neige ici et là dans les yeux de l'Ombre et de la jeune fille. Cette dernière semblait impassible, du moins elle n'avait point vacillée lorsqu'elle avait sentie sur elle tombait la force du mot de l'ancien language. Pyronaï sentait le froid mordant s'infiltrait par les mailles de ses vêtements, pour le glacer jusqu'aux os. Mais il resta de glace, stoïque sous la neige qui le recouvrait lentement d'une couche de poudreuse qui semblait de sucre sur ses épaules si fragiles.

- Alors tu dois être un marchand, un voyageur ou quelqu'un de cet ordre je suppose.

Pyronaï n'était pas plus grand qu'un autre, pourtant la jeune fille qu'il avait en face de lui devait être plus agé et neanmoins il avait sa taille. Les longs cheveux noirs de la demoiselle se soulevaient au vent, elle était ébouriffée par les bourrasques vives qui emportaient les flocons. Un coup de vent plus fort qu'un autre souleva une charette, abandonnée là, et la renversa. Les fruits et les légumes qui l'emplissaient s'échappèrent de la carcasse de bois rapidement saupoudrée de neige et roulèrent jusqu'aux pieds des jeunes gens, qui ne se baissèrent même pas pour les ramasser.

Pyronaï voyait bien que la jeune fille se retenait à grand peine pour ne pas chaparder les fruits et s'enfuir avec son butin rudement bien mérité. Mais elle ne pouvait aisément s'emparer des produits en présence de l'Ombre, qui la regardait toujours fixement sans prononcer le moindre mot. Finalement, Pyronaï leva sa main gauche et tendit sa paume vers le sol où une pomme reposait. Il réfléchit un moment, cherchant dans ses souvenirs l'incantation exacte requise. Puis il souffla des mots :

-Reisa !

Le fruit vibra un instant. Il eut un imperceptible soubresaut et lentement, très lentement même, commença à s'élever dans les airs, monta entre les deux jeunes gens. Lentement la pomme se détacha de la couche de neige dans laquelle elle reposait. Lorsqu'elle arriva à hauteur de la main de Pyronaï, celui-ci s'en saisit d'un mouvement prompte. Il tendit le fruit à la jeune fille en la regardant comme sans la voir. Il attendait qu'elle le prenne de sa main. L'Ombre esquissa un air de puissance. Ce petit tour n'était qu'un grain de poussière comparée à ce qu'il avait appris à faire avec son maitre.

-D'après toi, que suis-je, jeune humaine ?